Edito

Doute Par Alexandra Schwartzbrod — 12 novembre 2020 à 20:56

Si la situation n’était pas si grave, le documentaire Hold-up, censé démontrer «l’entreprise de manipulation globale» mise en place par le pouvoir politique pour faire de nous des êtres soumis et malléables, pourrait prêter à rire tant les ficelles sont énormes et les mensonges grossiers. Mais les faits sont là : diffusé sur le Web depuis deux jours, ce film cartonne, et cela ne nous fait plus rire du tout. Faites le test autour de vous : il se trouvera bien quelqu’un pour vous dire : «Je ne suis pas complotiste mais quand même…» C’est ainsi que se forgent les pires théories du complot, quand le doute est instillé dans des esprits désemparés, quand le vrai est mélangé avec le faux pour former une mélasse d’autant plus collante que la stratégie et les propos de nos gouvernants manquent de clarté et parfois de cohérence. Exemple : au lieu de reconnaître, dès les premiers jours de la pandémie, une erreur d’appréciation dans la gestion des stocks de masques, nos responsables politiques et sanitaires ont affirmé que le masque n’était pas nécessaire, suivant au passage les recommandations que faisait alors l’OMS. Etait-ce pour nous soumettre ? C’est leur faire beaucoup d’honneur, ils n’ont simplement pas eu le courage d’admettre qu’ils s’étaient trompés. Autre polémique (trop) facile à mettre en scène par des complotistes, celle sur l’hydroxychloroquine dont toutes les études sérieuses montrent l’inefficacité dans le combat contre le virus, poussant son promoteur, Didier Raoult, à flirter avec les théories du complot par pur péché d’orgueil.

Ce n’est pas un hasard si un des principaux personnages de Hold-up est Christian Perronne, fervent soutien de Raoult. En réalité, ce docu est un vrai cas d’école pour le personnel politique. Il montre à quel point une stratégie pas toujours cohérente et une communication mal ficelée peuvent être utilisées à ses dépens et faire des ravages dans l’opinion.